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Au cours des dernières semaines, le Bénin a connu une série de crimes rituels particulièrement sordides, remettant sur le devant de la scène, une problématique récurrente : celle de l’amalgame entre les pratiques criminelles et le culte vodoun. Malgré les multiples mesures prises par les autorités religieuses et étatiques, ces actes barbares continuent d’entacher l’image d’une religion ancestrale dont les fondements reposent pourtant sur la vie, l’équilibre et la justice. Face à cette dérive inquiétante, le Comité des rites vodoun se retrouve devant un véritable défi : redorer le blason du vodoun et restaurer sa crédibilité auprès du peuple et du monde.

Multiplication des crimes rituels au Bénin : Un vrai défi pour le Comité des rites vodoun

Par OGOUCHOLA Nafiou
8 décembre 2025 à 16:52
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Multiplication des crimes rituels au Bénin  : Un vrai défi pour le Comité des rites vodoun


Ces dernières semaines, plusieurs faits divers ont bouleversé l’opinion publique béninoise. À Parakou, un jeune garçon de 12 ans a été retrouvé sans vie, mutilé, dans un champ de manioc. À Abomey-Calavi, c’est une jeune femme portée disparue dont le corps a été découvert, vidé de ses organes vitaux. Dans la commune de Bohicon, deux individus ont été interpellés alors qu’ils tentaient de sacrifier un de leur client venu profiter des bienfaits du Vodoun. il a été retrouvé par ailleurs chez l’un d’eux d’importants restes humains. Ces faits, loin d’être isolés, s’ajoutent à une longue liste de crimes rituels qui, année après année, ternissent l’image du Bénin, pourtant berceau du vodoun et reconnu pour sa tolérance religieuse.
Les enquêtes policières ont révélé que la plupart de ces crimes sont motivés par la quête de richesse rapide, de pouvoir ou de succès personnel. Certains individus, manipulés par des charlatans ou pseudo-prêtres, croient pouvoir s’assurer prospérité et protection en offrant du sang humain. Or, ces pratiques barbares n’ont aucun lien avec le vodoun authentique. Elles relèvent plutôt d’une perversion de la foi, alimentée par la cupidité et l’ignorance.


Le vodoun pris en otage par les dérives criminelles
Pour les véritables dignitaires du culte vodoun, cette situation est insupportable. Le vodoun, dans sa philosophie originelle, est un culte de la vie, de la lumière et de la justice. Il repose sur le respect de l’ordre cosmique et des forces naturelles. En aucun cas, il n’autorise le sacrifice humain ni la destruction de vies innocentes. Mais depuis quelques années, des individus mal intentionnés s’en réclament pour commettre des atrocités.
Selon le haut dignitaire vodoun Houngan Kpètèvi Hounssou, “le vodoun est devenu un alibi pour des criminels qui veulent donner une justification spirituelle à leurs actes. Ils profitent de la méconnaissance du grand public et de la peur qu’inspirent certains symboles pour s’imposer comme des ‘maîtres spirituels’. En réalité, ce sont des délinquants spirituels”.
Cette confusion entre authenticité religieuse et dérives criminelles fragilise non seulement la réputation du culte vodoun, mais aussi la cohésion sociale. Elle jette l’opprobre sur des milliers de prêtres et de pratiquants sincères qui œuvrent au quotidien pour la paix, la santé et la prospérité des communautés.
Le rôle déterminant du Comité des rites vodoun
Créé pour encadrer, harmoniser et moraliser les pratiques rituelles, le Comité des rites vodoun est aujourd’hui interpellé avec plus d’urgence que jamais. Sa mission devient capitale : il doit réaffirmer la pureté du message vodoun et distinguer les vrais initiés des imposteurs. Le comité peut, à court terme, entreprendre plusieurs actions énergiques telle que le recensement et la certification des temples et prêtres authentiques, une campagnes de sensibilisation et d’éducation spirituelle et la sanction des dérives internes et la collaboration avec les forces de sécurité et la justice.
Un registre national des dignitaires reconnus pourrait permettre aux autorités et aux citoyens de distinguer les acteurs religieux légitimes des faux prêtres. À travers les médias, les écoles et les communautés locales, il faut expliquer ce qu’est réellement le vodoun, et démontrer que le sacrifice humain n’en fait aucunement partie. Le Comité doit se montrer ferme envers les adeptes ou dignitaires impliqués dans des crimes ou des pratiques contraires à l’éthique spirituelle. L’excommunication publique ou le retrait d’autorisation de culte pourrait servir d’exemple. En travaillant main dans la main avec les autorités, le Comité pourrait aider à identifier et à neutraliser les réseaux de charlatans qui utilisent le nom du vodoun pour commettre des crimes.
Par ailleurs, en valorisant les aspects philosophiques, thérapeutiques et culturels du culte à travers des festivals, conférences et documentaires, le Comité peut contribuer à changer la perception du grand public.


Restaurer l’honneur du vodoun
La tâche s’annonce ardue, mais elle est indispensable. Dans un contexte où la religion vodoun aspire à être pleinement reconnue au plan national et international comme un pilier identitaire, il est impératif que son nom soit dissocié des atrocités humaines. Le vodoun, dans sa dimension profonde, prône la justice, la vérité et la préservation de la vie. Redonner à cette spiritualité sa place légitime passe par un travail rigoureux de clarification et de moralisation. Le Comité des rites vodoun a ainsi une responsabilité historique : celle de protéger non seulement les croyants, mais aussi l’essence même de la foi ancestrale.
Au moment où les Béninois cherchent des repères moraux et spirituels solides, le vodoun doit se présenter non comme un instrument de peur ou de manipulation, mais comme une source d’équilibre, de sagesse et de paix. Pour cela, il faut que le crime cesse d’usurper le nom du sacré. En somme, lutter contre les crimes rituels, c’est aussi sauver le vodoun de la défiguration. C’est le défi que le Comité des rites vodoun doit relever avec courage et détermination, afin que plus jamais, le sang de l’innocent ne vienne souiller la terre des ancêtres.


Source : LNT

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